Ciao, les morues !

Alors que la date de mon départ approche à grands pas et que le compte à rebours est bien enclenché, je me retrouve dans une situation que j’ai rêvée depuis tellement d’années que j’ai parfois encore du mal à croire qu’elle s’est enfin concrétisée. C’est en fait très étrange de vivre en temps réel quelque chose que l’on a imaginé à plusieurs reprises. Je ne compte plus le nombre de départs que j’ai préparés mentalement au fil des différentes candidatures que j’ai envoyées ces derniers mois mais au moment où celui-ci est programmé, daté, je me rends compte que rien ne correspond à ce que j’avais envisagé.

La première surprise est venue de la réaction de mes collègues qui sont tous (à l’exception notable et remarquée de Purula aka Connasse qui pue et son acolyte -qui n’a jamais eu les honneurs d’un billet ici, bien que cela eut été mérité) venu me féliciter de manière très franche, certaines tellement contentes pour moi qu’elles en ont presque versé une larme… Bien sûr, on pourrait penser qu’elles sont contentes de me voir dégager mais je sais, je sens, qu’il n’en est rien. Ainsi donc, les connasses auraient un cœur ? En fait, je me dois de nuancer quelque peu les portraits vitriolés que j’ai pu dépeindre d’elles au cours de ces dernières années. Ce que j’ai méthodiquement et impitoyablement pointé concerne (à quelques exceptions près) le boulot, leurs incompétences, manquements, bourdes et autres manipulations perverses mais à titre personnel, il s’agit (à quelques exceptions près) de filles qui ne sont pas foncièrement antipathiques, qui peuvent avoir un côté humain et désintéressé (à quelques exceptions près, je ne suis pas naïf), bref, qui méritent que je précise qu’en dépit du stoïcisme distancié et un peu indifférent qui me caractérise d’ordinaire, que je dois admettre à mon corps défendant (j’insiste) que je suis un peu touché par leurs réactions sincères (je sais, je suis faible, c’est dramatique).

Mais je dois quand même dire, à ma décharge, que je suis dans un état un peu particulier et disons, peu habituel, depuis que j’ai appris la bonne nouvelle. Cela fait maintenant quatre semaines que je suis dans un état second, un peu béat, souriant niaisement dès que l’on évoque mon nouveau boulot (et plus on m’en parle, plus je suis euphorique, je n’ai jamais été habitué à ça), ne râlant (presque) plus (je sais, j’annonce ça comme ça brutalement, à sec et sans préparation, mais je vous inquiétez pas mes fans chéris, ça ne durera pas, je me connais !), voyant les désagréments qui se présentent glisser sur moi sans laisser de traces, dormant bien plus que de raison, tout cela me donnant l’impression au final que je suis comme en vacances. Et tu sais quoi ? Même si c’est inédit et un peu déroutant, c’est sacrément agréable ! C’est comme si tout mon esprit s’était mis à se purger des treize années d’un boulot qui m’a pesé bien plus que ce que je voulais l’admettre.

jump

Je vais donc continuer de flotter dans cette sorte de cocon duveteux jusqu’à la fin, tentant désespérément de formuler un message de départ qui ne trahisse pas trop mon bonheur (vraiment !) de quitter un milieu professionnel que je ne supporte plus, ni mon soulagement de quitter un navire à la dérive qui n’en finit pas de percuter des icebergs sans toutefois couler totalement, qui dise l’essentiel sans être trop abrupt non plus mais sans trop d’hypocrisie… Je sais que l’on doit toujours s’efforcer de partir en bons termes et je n’ai pas envie d’y déroger. Dire leur quatre vérités à certaines connasses ne serviraient finalement à rien, je n’ai plus besoin de me soulager de quoi que ce soit, et comme disait Michel Audiard, « Je ne parle pas aux cons, ça les instruit ». Pour autant, je ne déborderai pas de chaleur à l’endroit de celles dont je n’oublierai pas ce qu’elles m’ont fait subir. Ce n’est pas parce que je pars que j’efface l’ardoise. Je ne suis pas du genre à faire ce genre de cadeau.

f*ck off

6 commentaires sur “Ciao, les morues !

  1. 😉 Ton billet fait plaisir à lire… Râler, oui, laisse ça de temps côté pendant un temps… Ca reviendra naturellement… « bon vent » pour ton nouveau job 🙂

  2. J’ai failli frôler la crise cardiaque en parcourant ton billet !!! Ne plus râler ???? Mais c’est quasiment ta marque de fabrique ! Un Glimpse qui ne râle pas, c’est comme un monde sans beaux mâles barbus et poilus, un monde où tout part à la dérive quoi !!
    Tu as tenu 13 longues années ??? Moi je dis chapeau ! Je suis au Purgatoire depuis un peu plus de 7 ans et j’avoue avoir du mal à tenir surtout que ta collègue Purula doit avoir son homologue dans mon bureau, le tout agrémenté d’une humeur de bouledogue qui n’a pas eu assez d’os à ronger 😦
    Dans tous les cas, profite bien de ces derniers moments en mode « je vous quitte » car après ces longues années où tu nous as narrés ces si « belles » histoires, tu vas probablement continuer… mais dans dans un nouvel univers 🙂

  3. Oui, j’espère bien que le mode râleur va rappliquer !

    Blague dans le coin, je te souhaite tout le meilleur dans ton nouvel emploi et moins de connasses au rendez-vous… Mais là tu vois, j’ai comme l’impression que tu peux faire ce que tu veux, y aura toujours des connasses partout 🙂

  4. C’est beau de te voir heureux !! Comme quoi parfois on se fait de mauvais film sur des collegues qui peuvent avoir une certaine touche d’humanité malgré tous leurs défauts !!

  5. C’est sans doute l’un des meilleurs se que tu vis.
    Et partir sans tomber dans les bassesses habituelles de ce genre de situation, ne peut que faire enrager les personnes n’attendant que ça pour te tailler un short une fois parti 🙂

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